(La réponse à notre question après la brève introduction suivante.)
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Ça y est! Après des années de refus obstiné, l'Académie française vient enfin de se déclarer ouverte à féminiser les noms de métiers et de fonctions.
Dans un rapport publié le 28 février dernier, l'institution reconnait* qu'« en ce début de XXIe siècle, tous les pays du monde, et en particulier la France et les autres pays entièrement ou en partie de langue française, connaissent une évolution rapide et générale de la place qu’occupent les femmes dans la société [...]. Il en résulte une attente de la part d’un nombre croissant de femmes, qui souhaitent voir nommer au féminin la profession ou la charge qu’elles exercent, et qui aspirent à voir combler ce qu’elles ressentent comme une lacune de la langue. »
Cela dit, l'Académie n'est tout de même pas prête à faire des propositions concrètes. Bousculée, elle a plutôt décidé de « confier à une commission l’étude de l’évolution de l’usage et des problèmes qui réfèrent à ce sujet, et a chargé celle-ci de lui soumettre des propositions ». Il faudra sans doute attendre encore quelques années avant d'obtenir des résultats concrets.
En attendant, on continuera de se tourner vers les suggestions que fait depuis des années
l’Office québécois de la langue française (OQLF) à l’adresse suivante : https://bit.ly/2BZoGSW
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On peut constater dans ce répertoire que l'on peut dire et écrire commise de bureau ou commis de bureau.
Commis fait partie des noms masculins se terminant par une consonne. Il suffit d'ajouter un « e » final pour obtenir la forme féminine. C'est ainsi qu'on suggère une agente, une candidate, une commise, une dirigeante, une experte, etc.
Cela dit, le terme commis est déjà épicène, c'est-à-dire qu'il est féminin ou masculin, comme accessoiriste, bénévole, cadre ou dentiste. Voilà pourquoi les deux formes sont acceptées au féminin.
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Vous pourrez lire le document complet de l'Académie française ici :
https://bit.ly/2NziINq
On y trouve des extraits étonnants (le gras est de nous) comme :
- « Les juridictions recourent encore aux termes « demanderesse » ou « défenderesse », « bailleresse » est encore en usage, mais « doctoresse », « notairesse », tout comme « mairesse », sont en train de disparaître. »
NDLR : Certainement pas au Québec ! Voir cet article de la BDL.
- « Par ailleurs, s’agissant du féminin du substantif « écrivain », on constate que la forme « écrivaine » se répand dans l’usage sans pour autant s’imposer. »
NDLR : Le terme écrivaine est largement entré dans l'usage au Québec.
- « Une véritable difficulté apparaît avec la forme féminine du mot « chef » [...]. Ce cas est révélateur : le métier pose en lui-même le problème de sa dénomination, et le féminin ne se forme pas naturellement. La forme « cheffe » semble avoir aujourd’hui, dans une certaine mesure, la faveur de l’usage. Si l’on ne peut soutenir que cette forme appartient au « bon usage » de la langue, il paraît également difficile de la proscrire tout à fait étant donné le nombre d’occurrences rencontrées dans les sources que la commission a pu consulter. »
NDLR : À l’égard du mot chef, voici ce qu'indique la Banque de dépannage linguistique (BDL) : « En Suisse, au féminin, on emploie la cheffe. On rencontre aussi cette forme dans le reste de la francophonie et au Québec, mais plus rarement que la chef. »